Pour autant que je puisse m’en souvenir, le désir de campagne et les pulsions centripètes des Parisiens ont toujours fait partie du paysage médiatique, même s’ils n’étaient que très peu suivis d’actions concrètes.
Avec la crise sanitaire, l’idée d’un monde d’après et d’un véritable exode urbain a fait florès.
Dans les faits, les 20 plus grandes métropoles regroupent toujours 49% des offres d’emploi. (Source Jobdigger)
Un phénomène modéré à court terme
Pour autant, si on ne peut pas parler de ruée vers l’Orne, la Lozère ou la Haute-Saône, une étude de la POPSU Territoires, basée sur les aires d’attractions des villes (AAV), montre des soldes migratoires négatifs pour les villes centres des AAV de plus de 50 000 personnes au bénéfice des zones périphériques, des AAV de moins de 50 000 personnes et des zones rurales hors AAV.
Ce décalage entre l’emploi et le lieu de résidence peut s’expliquer en partie par le statu quo actuel relatif aux différents modes de télétravail.
Le télétravail n’a pas que des avantages et si l’on peut considérer que c’est une tendance durable on peut aussi imaginer que les entreprises choisissent de décentraliser certaines activités pour répondre aux attentes des individus tout en bénéficiant des avantages que peut présenter un bureau.
Des transformations plus lourdes à moyen terme
Mais au-delà de ces potentiels ajustements territoriaux d’autres facteurs laissent envisager des transformations de plus grande ampleur.
Les crises récentes ont fait ressortir la relative vulnérabilité de nos économies voire de nos Etats. Si nous avons su faire preuve de résilience, la nécessité de se prémunir contre des crises à venir est dans tous les esprits et il est indispensable de renforcer notre souveraineté énergétique et industrielle.
Cette nouvelle donne géostratégique sonne le glas de l’économie des services telle qu’elle nous a été ventée au tournant des années 90. La nécessité et l’opportunité de réindustrialiser accentueront les transformations territoriales et placeront les entreprises face à l’obligation non seulement de recruter à l’extérieur des grandes zones urbaines mais aussi d’y faire venir des profils que l’on ne trouve pas sur place.
Cette réorganisation de la production entraînera avec elle de nombreux services en particulier dans le domaine logistique.
L’individu, point focal des mobilités professionnelles
La migration de l’activité et des populations qui s’en suivra offrira la possibilité d’amortir la crise climatique ce qui a des chances d’amplifier le phénomène. En effet, la nécessité de repenser le tissu industriel et énergétique sera aussi une opportunité de mettre en place plus de circuits courts et d’avoir un impact positif sur la situation écologique.
Avec ces transformations, les directions RH, déjà très sollicitées, vont devoir innover pour relever des challenges inédits. Il faudra non seulement trouver les compétences mais aussi les bonnes appétences et accompagner les changements collectifs et individuels.
Plus que jamais l’individu, pris dans son ensemble, sera le point focal des mobilités professionnelles. Il faudra repenser les processus ainsi que les outils et envisager les carrières de façon plus agile.